César Baldaccini, dit CÉSAR grandit avec sa sœur jumelle Amandine dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai à Marseille où ses parents d’origine italienne tiennent un bar.
Le jeune César préfère dessiner et bricoler avec des boîtes de conserve que d’aller à l’école qu’il quitte à 12 ans pour travailler au café ou chez un voisin charcutier.
De 1935 à 1939 il suit les cours aux Beaux-arts de Marseille où il obtient trois prix distincts dès 1937; en dessin, en gravure et en architecture. Par la suite, l’artiste se centrera sur la sculpture.
Pendant la seconde guerre mondiale, César échappe à la mobilisation et parvient même à obtenir une petite bourse qui lui permet de rejoindre la capitale.
En 1943, il est admis à l’École Nationale supérieure des Beaux-Arts. il est logé dans une ancienne maison close qui lui sert accessoirement d’atelier et rencontre Emilienne Deschamps, une de ses muses, mais aussi Pablo Picasso et Germaine Richier.
Comme César n’a pas les moyens de travailler la pierre ou le bronze il s’essaye à des matériaux « pauvres » bien moins coûteux comme le plâtre ou le fer.
Fin des années 40, César apprend la soudure à l’arc dans une menuiserie industrielle de Trans en Provence dans le Var et va créer plus de 300 constructions basées sur cette technique jusqu’en 1966.
Un voyage en 1951 à Pompéi va aussi marquer son oeuvre; l’artiste est fasciné par les corps des habitants moulés dans la lave. Sa perception de cette réalité va être particulièrement visible dans ses expansions.
Les premières sculptures soudées vont surgir de l’utilisation innovante des matériaux récupérés dans les décharges; des tubes, des boulons, des vis qu’il transforme en créatures puissantes, en insectes ou en volatiles. César va travailler plusieurs années dans une usine de la banlieue nord de Paris, à Villetaneuse, soutenu par un industriel local. Il développe son art en fonction des possibilités offertes par les matériaux et l’outillage. Les innovations sont audacieuses.
En 1954, il expose Le Poisson, fabriquée à l’usine de Villetaneuse, à la galerie Lucien Durand à Paris. La pièce est rachetée par l’État. Dans la foulée, le MNAM lui achète Chauve-Souris, le musée d’art moderne de Paris, le Scorpion et le MOMA, Le Torse.
Ces acquisitions vont le rendre célèbre. Les sculptures de César sont visibles à la Biennale de Venise et celle de São Paulo en 1956. D’autres expositions vont suivre.
César rejoint les « Nouveaux Réalistes » des années 1960 avec Arman, Jean Tinguely, Nikki de Saint Phalle et Gérard Deschamp. Ce mouvement, né dans les années 40 va évoluer avec la réappropriation par l’artiste d’un objet usuel qui va être transformé en oeuvre d’art et nous faire oublier la provenance de ces objets récupérés. César qui se définit lui-même comme un « artisan », réhabilite, non sans un certain humour, les éléments de la culture populaire et le surplus d’une société de consommation, à la fois symbole de la civilisation industrielle et sublimité d’une esthétique inattendue.
En 1968 César crée à la Manufacture Nationale de Sèvres, un cendrier édité en 50 exemplaires.
César, désormais reconnu dans le monde de l’art, fréquente beaucoup d’artistes, en l’occurrence les cinéastes François Truffaut, Jacques Lanzmann ou Michel Audiard.
En 1976, il conçoit le fameux César, une récompense en bronze attribuée aux professionnels du cinéma français.
En 1984, il réalise une plaque de 18 mètres de hauteur pesant plus de 500 tonnes; son « Hommage à Eiffel » avec des fragments de la Tour Eiffel. Cette plaque sera exposée à la Fondation Cartier en 1989. D’autres sculptures de l’artiste seront conçues en hommage au créateur de la Dame de Fer.
Outre les premiers fers, d’inspiration « giacomettienne » et les moulages corporels qui sont de vraies empreintes humaines comme Le Pouce ou Le Sein, conçus dans de multiples déclinaisons grâce à l’agrandissement pantographique; une technique permettant d’agrandir presque à volonté un moulage, César utilise des matériaux plus nobles désormais comme le bronze, le cristal ou le marbre.
Ses créations au style unique représentent un véritable carrefour entre tradition et modernité. On peut aussi distinguer deux techniques différentes chez l’artiste :
- Les compressions qui sont des assemblages de tôles déformées à partir de voitures écrasées, comme l’exemple de sa première Dauphine aplatie exposée au MAMAC de Nice ou encore l’une de ses compressions monumentales comme la Peugeot 205 Turbo 16 présentée pour la Fondation Cartier en 1986. César compresse toutes sortes d’objets, même des bijoux en or que les femmes porteront compressés en cube autour du cou.
- Les expansions qui sont des sculptures en résine et en mousse aux formes formes organiques évoquant le mouvement et la fluidité, suggèrent une idée de croissance; on peut citer l’Expansion n°14 achetée par l’Etat en 1971, dont la technique est une coulée de polyuréthane expansé, stratifié et laqué.
Le travail de César a été exposé dans de nombreuses galeries et musées à travers le monde. L’artiste a reçu plusieurs prix pour sa contribution à l'art contemporain. Ses oeuvres apparaissent aussi bien dans des collections privées que publiques.
Son approche novatrice de la sculpture, ses explorations de la matière continuent de surprendre et d’interroger le spectateur, tout en inspirant la nouvelle génération d’artistes.