Très tôt, Jean-Michel Folon manifeste un goût prononcé pour le dessin, passant ses journées à griffonner et à explorer sa sensibilité artistique. Il s’oriente vers des études d’architecture qu’il ne poursuivra pas, puis s’inscrit à l’École Supérieure des Arts Visuels de La Cambre en 1954 en section de design industriel.
En 1955, Jean- Michel Folon quitte la Belgique pour s’installer à Bougival près de Paris. Il commence à travailler comme dessinateur pour la presse belge et française, mais reste encore dans l’ombre.
En 1960, il décide d’envoyer ses dessins à des revues américaines, notamment The New Yorker, Horizon ou Fortune. Son style, mêlant humour, poésie et critique sociale, séduit et sa reconnaissance va devenir internationale.
Dès ses premières œuvres, Folon se distingue par sa capacité à mêler simplicité graphique et poésie profonde: Son style, immédiatement reconnaissable, repose sur des lignes fines, épurées, souvent monochromes ou des couleurs douces comme le bleu, l’ocre ou le gris. Ses silhouettes solitaires suspendues ou en lévitation dans un espace vaporeux évoquent la fragilité de l’être humain, la solitude, mais aussi la liberté, la nature et l’espoir avec des oiseaux et des ponts… Par exemple, ses Silhouettes Bleues, personnages sans visage ou avec des traits très minimalistes, deviennent une signature visuelle forte, symbolisant l’universalité. L’un des personnages emblématiques de Folon est l’homme au chapeau que l’on retrouve aussi chez Magritte.
Tout en poursuivant son travail pour la presse, Folon illustre divers textes de la littérature et de la poésie du XXe siècle: On peut citer entre autres La métamorphose de Franz Kafka, Alcools et Calligrammes de Guillaume Apollinaire, les Chroniques martiennes de Ray Bradbury ou l’œuvre complète de Jacques Prévert.
L’artiste ne se limite pas à peindre : Son œuvre est protéiforme et engagée. Il devient aussi graveur, sculpteur, illustrateur, réalisateur de films d’animation et créateur de timbres-poste.
Il aborde des thèmes où chaque spectateur peut se reconnaître: Par exemple, ses affiches pour Amnesty International ou la Croix-Rouge portent des messages forts pour la justice, la solidarité et la paix. Ses peintures monumentales dans des lieux publics ou en plein air illustrent sa volonté d’intégrer l’art dans l’espace public. On peut citer Magic City dans la station de métro de Bruxelles, une oeuvre des années 70 qui représente un arc-en-ciel ciel avec au centre un soleil qui inonde la composition. Un projet de restauration qui va durer plusieurs années est prévu en 2026.
Les années 1970 et 1980 voient Folon exposer dans le monde entier : En France, on le découvre au musée de la Poste à Paris, au Musée Ingres à Montauban ou au Musée Picasso à Antibes….Une rétrospective lui est aussi consacrée à Tokyo, Osaka et Kamakura au Japon.On peut également admirer ses œuvres à New-York, Venise ou Buenos Aires.
En 1975 l’artiste crée le générique culte de la chaîne de télévision française « Antenne 2 » qui va apparaître durant huit ans sur le petit écran: La poésie des petits hommes volants reste dans les mémoires de toute une génération…
En 1988, il illustre la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, renforçant son engagement en faveur des droits humains. L’année suivante, il conçoit l’image du Bicentenaire de la Révolution française. Son travail a contribué à populariser son style tout en portant des messages forts.
À partir du milieu des années 1980, Folon assemble et transforme des objets déclassés auxquels il redonne vie et s’oriente vers la sculpture, utilisant des matériaux comme le bronze, le bois ou le collage. Il réalise des œuvres monumentales, souvent inspirées par l’art primitif, les masques africains ou les totems indiens.Il est encouragé par ses amis César, Arman ou encore Botéro ou Adami et par le fondeur Romain Barelier. En 1997, il installe sur la plage de Knokke une sculpture en bronze représentant un personnage en lévitation, symbolisant la liberté et l’évasion face à la mer. L’un des personnages emblématique de Folon est l’homme au chapeau que l’on retrouve aussi dans l’œuvre de Magritte, l’une des figures d’influence majeures de Folon.
En 2000, il ouvre son propre musée à La Hulpe en Belgique, un lieu où sont conservées plus de 500 pièces. Il continue à créer jusqu’à ses dernières années, explorant les vitraux, les décors pour le théâtre et l’opéra. Il se lance aussi dans la céramique et imagine même une montgolfière.
En 2003 il est nommé ambassadeur de l’Unicef et reçoit la Légion d’honneur en France.
Il continue d’exposer dans des lieux prestigieux; on peut citer sa dernière rétrospective au Palazzo Vecchio et à Forte di Belvedere à Florence en 2005.
Jean-Michel Folon laisse derrière lui un héritage artistique riche, profondément humaniste et poétique, comme en témoigne sa fondation. Son œuvre, mêlant légèreté, engagement et rêve est toujours une invitation à la contemplation.
Le Centaure, 1996
Sculpture bronze patiné 2/8
Fondeur Romain BARELIER